Le matin n'avait pas été très productif pour les deux Velasquez. Quand Ivannah s'était levée pour aller au boulot, la mère de famille avait semblé un peu trop prenante et comme à leurs habitudes, la petite matinée mère/fille s'était terminée en petite-guerre froide entres elles, mais bon, malgré cela, Francesca avait tout de même réussis à obtenir une soirée au cinéma avec sa fille. Cette sortie allait leur faire un bien fou. Elle avait déjà hâte d'y être. Tandis que Ivy travaillait, la mexicaine - quant à elle - s'était rendue au centre-commercial de Fairview pour magasiner. Elle avait profité du beau temps et avait dépensé une petite fortune dans une nouvelle collection de robe et de soulier assortie. Elle s'était arrêtée chez la coiffeuse et dans un spa pour terminer sa journée. Dès que Ivy rentra, elles se déplacèrent au cinéma lorsqu'elles conclurent le souper. Tout allait bien pour commencer, mais lorsque Frances utilisa sa carte de crédit pour payer, celle-ci fut refusée. Elle ne comprenait tout simplement pas comment était-ce possible, mais elle glissa une autre de ses cartes aux lieux. La belle se prit aussitôt avec sa fille sur le sujet, mais elles finirent par visionner le film durant plus d'une heure de demi sans parler réellement. Lorsque la séance termina, les deux femmes se dirigèrent vers la voiture. « Tu as aimé le film ma Ivy-Chérie ? J'ai adoré la scène torride entre le capitaine et sa femme, on voyait bien la passion qui les liaient, c'était parfait ! J'ai toujours rêvée à ce genre d'histoire d'amour.... » Elle s'arrêta un moment, voyant le regard que lui lança Ivannah. « Oui, bien sur, j'ai eu de la chance vu que ton père m'a donné ce grand amour ! » Elle sourit bêtement en déverrouillant la portière et celle de Ivy par un simple clic sur un bouton de son démarreur à distance. La voiture Velasquez était très chic et splendide, une belle voiture sportive rouge que son mari lui avait offert.

La belle Ivy avait donc dû mettre les voiles pour le boulot, ce qui l’enchantait pour tout dire. Là-bas au moins, elle n'avait pas en permanence sa mère collée aux fesses pour lui reprocher quoi que ce soit ou bien simplement pour l’embêter. Non, là-bas elle était bien, entouré de gens sympas et puis elle avait de l’argent en retour ce qui lui plaisait davantage que d’entendre parler la mère de famille Velasquez. La jeune femme termina donc son chiffre à seize heures précise, rangea ce qu’elle avait utilisé puis passa par la porte de derrière pour quitter l’établissement tout en disant au revoir à Maude, la jeune femme qui travaillait avec elle depuis quelques semaines. Évidemment l’envie de rentrer à la maison n’était pas si prenante, tout ce dont elle avait envie c’était de s’évader un peu, prendre du bon temps, en silence et manger jusqu’à exploser…loin de sa mère. Simplement, en bonne fille modèle, elle n’avait marqué aucun arrêt et s’était diriger directement à la maison, où Frances l’attendait à bras fermes pour sortir entre filles. Un faux sourire aux lèvres, Ivannah suivit les instructions de sa mère, soit aller manger au restaurant, où elle ne prit qu’une soupe en entrée et un morceau de gâteau au chocolat, prétextant qu’elle n’avait pas faim de toute manière – ce qui était faux -. Comme elle aurait pu le deviner, lorsque la jeune mère vint pour payer les dépenses, la carte de crédit fut malheureusement refusée, chose qui arrivait franchement trop souvent ces derniers temps et qui avait le don d’énerver la jeune adolescente. Une trêve s’imposait donc pour laisser place au grand écran, qui leur proposait un film apparemment romantique qu’elles écoutèrent en silence jusqu’à la fin. Lorsque finalement le film fut terminé, Ivy se leva sans plus attendre, attrapa son manteau de cuir puis se rendit jusqu’à la sortie, sans même prêter attention à sa mère qui la suivait non loin derrière. C’était pas mal… Dit-elle pour ne pas l’ennuyer avec la vraie réponse, alors que Frances disait vouloir qu’un homme la regarde de la même façon que l’avait fait le capitaine. Ne pouvant s’en empêcher, la jeune femme regarda sa mère, les yeux écarquillés, se disant que son père ne comptait pas pour elle… heureusement Velasquez se reprit doucement. On rentre à la maison? J’suis crevée. Dit-elle, prenant place sur le siège de leur voiture somptueuse alors que sa mère tentait le tout pour se faire écouter.

Francesca Velasquez avait adoré le film qu’elle venait de voir, mais bon, la dame avait toujours eu l’habitude d’aimer ce qu’elle regardait à la télé, que ce soit un navet ou pas. Ivy ne semblait pas avoir autant appréciée qu’elle – mais Francesca préféra ne rien ajouter sur le sujet pour ne pas créer une troisième guerre mondiale entre les Velasquez – Frances opina d’un faible sourire et jeta un coup d’œil à sa montre. Il était plutôt tard, donc la proposition de sa fille fut sans trop attendre acceptée. « Parfait, on peut bien rentrer à la maison, de toute manière, je suis légèrement fatigué en ce moment ! » Dit-elle en souriant. Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et marcha jusqu’à la voiture du haut de ses bottes à talons haut. La femme entra dans le véhicule, attacha sa ceinture et démarra. Elle sortit du stationnement du cinéma en direction de Gardenia Street – là où elle habitait – Frances n’avait rien à dire, mais elle tentait de trouver un sujet de conversation plutôt intéressant idée de briser ce silence de mort. « En tout cas, lorsque Daphnée est sortie de nulle part et s’est mise à frapper le tueur, j’ai été très surprise de la puissance de ses coups, c’était une sacrée bonne femme celle-là ! » Dit-elle en riant par intervalle, voyant malgré tout que ses rires n’étaient guère suivie par celles de Ivannah.

Visiblement sa mère avait remarqué que le film n’avait pas été aussi bon aux yeux de sa fille et se garda de ne rien ajouter, ce qui plut par-dessus tout à Ivy qui monta à bord de la voiture, alors que sa mère elle, prenait son temps pour se déhancher avec ses bottes à talons hauts. Une fois le moteur en marche, un silence pesant – mais réconfortant pour la belle Ivannah qui n’aimait pas particulièrement parler avec sa mère – s’immisça dans la voiture. Seule une approbation de sa part fut entendue, alors qu’un sourire se dessinait faiblement sur le visage de la brunette…enfin elle pourrait retourner dans sa chambre –seule- et écouter sa musique tout en faisant ses devoirs et en textant ses copines qui n’avaient pas cessées de lui écrire pendant le film. « En tout cas, lorsque Daphnée est sortie de nulle part et s’est mise à frapper le tueur, j’ai été très surprise de la puissance de ses coups, c’était une sacrée bonne femme celle-là ! » Ivannah Snow sortie de la lune un court instant, pratiquement effrayée par les rires entrecoupés de sa mère et fronça les sourcils. Mouais…cette passe était pas si mal, j’avoue que je m’y attendais pas… Dit-elle dans l’espoir que sa mère arrête de lui demander ce qu’elle en pense. Puis, alors que justement elles parlaient de quelqu’un qui sortait de nulle part, une masse imposante se trouva à quelques pieds de leur voiture. Maman! Cria Ivy, pour qu’elle réagisse à temps, malheureusement un choc se fit ressentir…

La soirée ne s’était pas vraiment passée comme sur des roulettes malgré ce qu’espérait la mère de famille. Ivannah restait bien froide et distante, ce qui rendait la mère Velasquez plutôt triste. Elle tenait de vivre avec la situation, mais sans son mari pour mettre de l’ordre dans leur relation, c’était un peu complexe pour elles. Malgré le silence de mort qui planait dans la voiture, Frances tenta bien que mal de reprendre une courte conversation qui se termina rapidement. La mère soupira, elle baissa les yeux un moment et lança. « J’aimerais bien qu’on fasse ce genre de sortie un peu plus souvent Ivy ! Je t’adore et ça me manque tu sais ! » dit-elle. Elle ne comprenait pas comment était-ce possible, d’être si loin de sa propre fille. Soudainement, sa fille hurla le nom de sa mère, Frances leva les yeux vers la route et vit quelqu’un droit devant la voiture. Ils étaient en ce moment-même dans une petite rue sombre et plutôt brumeuse, elle avait été distraite, mais n’aurait pas réussis à s’arrêter avant. « Dios Mio ! » Hurla t-elle en espagnole avant d’hurler de tous ses poumons comme sa propre fille. La voiture percuta l’homme qui fit un tour et retomba sur la chaussée humide derrière le véhicule. Francesca stoppa nettement l’engin et tourna la tête. « Oh non ! » Elle ne trouva rien d’autre à dire. !

Il était évident que les deux jeunes femmes se devaient de passer plus de temps ensemble, non pas que cela ne plaisait pas à la belle Ivy, simplement endurer sa mère n’était pas toujours facile… tout semblait si bon et toujours drôle aux yeux de sa mère, manière de vivre dont n’approuvait pas la jeune Velasquez. Certes elle aimait énormément sa mère, mais en silence et un peu plus loin…bien qu’un cinéma de temps en temps ou bien manger au restaurant n’était pas de refus! La noire hocha donc la tête sans rien ajouter, se disant qu’un geste valait beaucoup mieux qu’un prompte et nonchalant «ouais.». Puis la panique s’empara du véhicule des Velasquez, quelque chose ou plutôt quelqu’un venait de surgir de nulle part, dans la brume et la noirceur de la rue, la mère ne pourrait l’éviter et un choc pesant se fit ressentir. « Dios Mio ! » deux mots espagnoles que Frances adorait prononcer et qui étaient malheureusement de circonstance en ce moment. La mère stoppa le véhicule avant d’ajouter une petite ponctuation que même Ivy aurait voulu hurler. Totalement sous le cou de l’émotion, Ivannah se retourna, regardant par la vitre arrière le corps de l’homme sur la chaussée mouillée…inerte. Il était probablement mort. Ivy reposa ses yeux sur le devant du véhicule, constatent qu’il n’y avait aucun impact majeur sur le capot puis décida qu’elles n’avaient pas à endurer les flics…leur vie était déjà bien assez compliquée comme ça… Fonce maman, qu’est-ce que t’attends merde VAS-Y! Dit-elle tout en la poussant quelque peu pour la sortir de la lune.

La panique envahit la pauvre mexicaine. Que devait-elle faire dans ce genre de situation. Elle n’en avait aucune idée, la pauvre Velasquez n’était pourtant pas une meurtrière. La vie amenait les gens à agir n’importe comment et fuir sur le lieu d’un crime aussi grave qu’un meurtre était sincèrement horrible. La personne qui jonchait sur le bord de la route, la tête pleine de sang n’aurait certainement pas voulu vivre une mort aussi terrible et voir son assaillant disparaitre aussitôt. Frances ne l’aurait pas voulu elle enfin, mais les hurlements de sa fille lui firent comprendre qu’elle devait réellement partir si elle ne souhaitait pas finir en prison. Ce n’était pas le genre d’avenir qu’elle s’imaginait. La mexicaine tourna la tête vers sa fille complètement confuse. « Oh mon dieu, oh mon dieu ! Il est mort ? » Était-ce une question ou une constatation ? Ce n’était pas à prendre en considération, la femme finit enfin par appuyer sur le champignon pour fuir à toute allure le lieu du crime. La route était déserte et personne ne pouvait l’avoir vu. Elle roula sans arrêter de respirer de manière saccadée. Elle était déboussolée. Après un moment, elle s’arrêta de respirer et freina. Elle tourna la tête vers sa fille perturbée et ajouté. « On vient de tuer un être humain, c’est horrible ! J’y crois pas mes yeux ! C’est horrible ! On fait quoi maintenant Ivy ! » Hurla-t-elle à sa fille, sans arrêt. La nuit était profonde et sombre. Elle devait trouver une situation, vivre avec ce secret serait terriblement douloureux pour la femme. Elle le savait déjà.

Mais non il est pas mort j’te dis ! Dit-elle pratiquement en hurlant. Elle savait pertinemment que l’homme devait s’être cassé le cou ou bien que le choc à sa tête avait été trop grave, il était peu vraisemblable qu’il survive à cet incident et Ivy tentait du mieux que possible de le cacher à sa mère totalement paniquée. Puis la mère appuya enfin sur le champignon, respirant avec peine alors que sa fille fronçait les sourcils, les larmes aux yeux, ne sachant pas plus que sa mère ce qu’elles devraient faire à présent. Elles ne pouvaient pas se rendre à la police, elles finiraient toutes les deux en prisons pour meurtre au troisième degrés, c’était plus qu’évident… et puis elle commençait à douter, il lui semblait que sa mère avait commander un verre de vin ou quelque chose dans le genre, avec ça, c’était une peine bien plus sévère qui les attendaient…mieux valait de garder le secret. « On vient de tuer un être humain, c’est horrible ! J’y crois pas mes yeux ! C’est horrible ! On fait quoi maintenant Ivy ! » Ivannah était complètement ailleurs, cherchant une solution à ce problème béant. J’n’en ai aucune idée, mais il est hors de question qu’on se dénonce à la police maman, ils vont nous séparer et t’envoyer en prison! Elle savait que faire réfléchir sa mère était la meilleure des solutions. C’est ce que tu veux, me perdre? Rétorqua presqu’aussitôt la brune, sachant que ce genre de commentaire glacerait le sang de sa pauvre mère. On n’peut pas faire ça… Ces propos étaient autant pour elle que pour Frances…elle tentait du mieux qu’elle le pouvait, de se rassurer. Je vais prendre le volant… Obligea Ivy à sa mère bien trop sous le choc pour faire quoi que ce soit.

La voiture était stabilisée depuis quelques minutes déjà. Les jambes ainsi que les bras de la mère de famille tremblèrent depuis plusieurs minutes et les palpitations de son cœur l’empêchaient d’agir normalement. Francesca fixait l’horizon un moment. Elle était à présent hors de portée du cadavre qu’elle venait de percuter. Comment pouvait-elle trouver une solution gratifiante pour tout le monde, Ivannah avait raison. Elle ne voulait pas aller en prison et encore moins être séparée de sa fille. Elle tenait beaucoup à sa princesse et avec le décès de son père, elle était la seule personne importante dans sa vie. Comment pouvait-elle trouver une solution, pauvre famille, qui était cette personne, Frances ne savait même pas si c’était un homme ou une femme, un enfant ou un vieillard, tout c’était passé si rapidement. Velasquez soupira et serra le volant. « On va faire tout ce que tu veux chérie …. » Elle ne savait pas quoi dire d’autre, la femme ouvrit la porte, détacha sa ceinture et tenta de changer de place avec elle. Elle tremblait tellement qu’elle risqua de tomber sur le sol. La femme entra ensuite à l’intérieur de la voiture et lorsqu’elle rattacha sa ceinture, une voiture de police s’arrêta derrière eux, laissant entendre la sirène pour lui prévenir de sa présence. Francesca se mit à hurler et cria divers mots en espagnol. « Oh non, Ivy, qu’est-ce qu’on fait maintenant ! On va aller en prison ! » Hurla-t-elle. Elle devait trouver une solution. Elle était l’adulte dans la voiture après tout, mais avait l’air d’une enfant de 5 ans à la fin.

Ivannah n’était pas tellement fière d’agir de la sorte, mais elle croyait bien faire pour elle et sa mère. Évidemment cela semblait beaucoup moins facile à effectuer du côté de la mère qui tremblait comme une feuille en plein vent. La jeune mexicaine finie par ouvrir la porte côté passager et ainsi échanger de siège avec Frances qui boucla sa ceinture. Lorsqu’enfin ce fut chose faite pour la belle Ivy, cette dernière remit le contact et appuya sur la pédale de gaz...évidemment elle n’avait pas vue la voiture de police qui venait de mettre les sirènes. Ivannah crut mourir, son souffle s’arrêta aussi rapidement qu’un aspirateur débranché et ses yeux s’agrandir alors que la mère de famille totalement hors de contrôle criait qu’elles iraient en prison. Ferme-là, tu veux qu’on t’entende? Dit-elle pour faire taire la femme totalement paniquée. Laisse-moi faire surtout, tu ne dis rien! Ordonna finalement la jeune femme, voyant le policier sortir du véhicule de patrouille. Bonjour sergent, tout va bien? Questionna Ivy, anxieuse de connaitre la réponse. On reviens du restaurant et ma mère ne se sent pas très bien… Raconta-t-elle pour expliquer la raison de leur changement de siège, si bien sûr il avait pu le voir d’où il était.