Au début de la semaine, Garrett Nolans – Agent immobilier d’Azalea Valley – recevait un appel d’une jeune femme souhaitant visiter une des résidences d’Orchid Street. Évidemment, pour l’homme, c’était une autre occasion de faire une vente. Il entreprit une brève conversation avec la dame et nota un rendez-vous à son carnet. Ainsi, il prépara tous les papiers et informations nécessaires à faire cette visite guidée à cette femme. Nolans ne semblait pas la connaître, mais le fait qu’elle souhaite rejoindre son quartier lui plaisait beaucoup. Depuis le terrible meurtre des Henderson, beaucoup de ses voisins avaient quittés la ville, préférant vivre dans un autre quartier, ce qui faisait terriblement chuté les affaires, dont celle de Garrett qui avait beaucoup de difficulté à vendre les maisons du coin. Enfin, par chance, il y avait toujours des acheteurs, surtout lorsqu’on voyait la profonde beauté de Azalea Valley, peu importe la rue, tout était magnifique là-bas et jamais le couple Nolans avait pensé une seule seconde quitter le quartier. Nolans y avait élevé sa famille et ses enfants se trouvaient également très attachés à cette place. Il était de plus un grand agent immobilier et s’occupait du secteur tout comme sa femme qui était décoratrice d’intérieur et pouvait facilement recevoir des clients, commandité par nul autre que son mari Garrett. Enfin, l’homme arriva une bonne demi-heure avant et s’occupa de faire le tour de la maison. Tout était parfait, l’air circulait désormais dans la maison et ne manquait plus que la femme. Il souhaitait revoir son quartier ravivé par tous ses voisins chaleureux, ce qui était un peu moins le cas depuis le meurtre de cette femme qu’il connaissait depuis toujours.

Lorsque j'avais appris les problèmes dans lesquels s'étaient mis Sophie à Vancouver, j'avais tout de suite compris que s'en était fait de la ville, pour nous deux. Il fallait un retour aux sources dans un quartier plus calme. En discutant avec mon agent, elle m'avait parlé de ce petit quartier, Azalea Valley, qui m'avait semblé parfait. À vrai dire, je n'avais pas encore entendu parler de ce meurtre qui s'était produit ici, mais cela arriverait assez tôt. Par contre, cela n'allait certainement pas faire changer ma décision. J'avais déjà fait un peu de magasinage en ligne, à partir de mon appartement à Vancouver et j'avais trouvé une propriété qui semblait parfaite pour ma fille et moi. Appelant la compagnie immobilière, j'avais eu un rendez-vous pour une visite la semaine suivante. C'était parfait ! Je laissai donc Sophie aux soins de mon père, qui adorait passer du temps avec elle, puis avait pris le premier avion vers la petit bourgade. Lorsque j'étais arrivée, je m'étais prise une chambre à l'hôtel en ville et avait loué un voiture. Mon rendez-vous n'était que le lendemain, alors j'en avais profité pour faire un tour du centre-ville, que je trouvais charmant. Jusqu'à maintenant, je sentais que cette ville serait la bonne. Je ne me couchai pas trop tard le soir venu et je fus donc fraîche et disposée le lendemain lorsque j'allai rejoindre un certain Mr. Nolans, qui me ferait visiter la demeure que j'avais repérée sur internet. Arrivant devant la maison, je remontai l'allée et éteignit le moteur de ma voiture. Il y en avait une autre dans l'allée, celle évidemment de l'agent immobilier. Il devait être à l'intérieur de la demeure, je montai donc les quelques marches pour me rendre au perron et cognait sur le battant. L'extérieur était très joli, on voyait que le jardin avait bien été entretenu et la porte semblait fraîchement peinturée. Pour l'instant, je n'avais qu'une bonne impression.

En arrivant de le quartier, Garrett aurait bien pu prendre une bonne marche de sa maison, c’était à deux rues de celle où il devait faire une visite ce matin-là, mais l’homme avait un tas de truc à transporter dans sa voiture, sans oublier qu’il avait besoin d’aller ensuite à l’agence dans le centre-ville de Fairview pour plusieurs heures, ce qui s’était avéré beaucoup plus simple pour Nolans. Oui, l’homme était consciencieux de l’environnement, mais c’était sur son chemin. C’était à l’intérieur que Garrett attendit sa cliente, prenant le temps de tout regarder. Il avait même fait une petite visite aux sous-sols pour vérifier les disjoncteurs pour s’assurer que tout était impeccable. Il ne voulait pas vendre une maison en mauvais état, surtout pas au prix qu’elle figurait et dans un quartier aussi jolie de Azalea Valley. L’homme d’affaire n’avait plus qu’à attendre la jeune femme – enfin selon ce qu’il déduisait avec sa voix au téléphone – pour lui faire une visite complète. En entendant une voiture arriver, Garrett fit un petit sourire, replaçant sa cravate et s’avança vers la porte lorsqu’elle y toqua. Il ouvrit à peine une demi-seconde après le bruit sur la grande porte de l’entrée et ajusta un grand sourire sur son visage. Garrett était très professionnel et adorait faire de nouvelles rencontres. « Bonjour ! Je suis Garrett Nolans, l’agent immobilier, je suppose que vous êtes Elsie Anderson ? Allez, entrer, ne vous gênez pas si c’est pour être votre future propriété ! » Il lui fit un sourire, rit et lui tendit la main. Lorsque ce fut fait, l’homme laissa l’espace libre et referma la porte derrière la dame. Il aimait bien faire un peu d’humour avec les gens, Aaron avait toujours été comme ça.

Je n'eus pas à attendre très longtemps avant que la porte s'ouvre. J'aperçu alors le visage de l'homme que je n'avais jamais encore rencontré. C'était ma première visite dans cette maison, mais aussi ma première rencontre avec des gens de cette ville. « Bonjour ! Je suis Garrett Nolans, l’agent immobilier, je suppose que vous êtes Elsie Anderson ? Allez, entrez, ne vous gênez pas si c’est pour être votre future propriété ! » Je serrai amicalement la main de l'homme avant d'entrer dans la propriété. « C'est bien moi, merci beaucoup. » Il referma la porte derrière moi, alors que mon regard se posait vers la cage d'escalier présente juste en face. À ma droite se trouvait un petit couloir avec ce qui semblait être une salle d'eau ainsi qu’une garde-robe, et à ma gauche se trouvait le salon. Tout droit, au fond de la pièce, j’apercevais ce qui semblait être la cuisine. Jusqu'à maintenant, la répartition des pièces, certes assez classique, me plaisait. Il se dégageait une atmosphère chaleureuse de cette maison, que je sentais déjà tout à fait adaptée à Sophie et moi. « C'est exactement comme je l'avais imaginé. » mentionnais-je à l'agent immobilier, reportant mon attention sur lui. La maison de deux étages semblait être en de très bonnes conditions malgré le certain âge de la demeure. Mais c'était exactement ce que je voulais, une maison qui avait une histoire, pas ces bâtiments en béton et tout froid qui n'avaient aucune âme. Je n'avais pas seulement besoin d'un toit, j'avais besoin d'une maison, d'un endroit qui soit à la fois inspirant et relaxant, qui soit confortable et douillet. « L'endroit me semble en très bon état... Par contre, avez-vous eu connaissance de certains problèmes ? J'aimerais mieux le savoir à l'avance, étant donné que cela ne changera probablement pas ma décision... » Certes, les petits accros pourraient jouer dans le prix de vente, mais ma décision était prise. À moins d'un catastrophe majeure, je voulais cette maison.

La visite de la propriété allait commencer. L’homme était ravi de pouvoir faire visiter les lieux à cette jeune femme qui semblait plutôt encouragée par cette achat déjà en l’observant. Garrett tentait d’être le plus aimable possible avec cette jeune demoiselle, selon ce qu’il avait su au téléphone, elle vivrait seule avec sa fille, ce qui était agréable, une maison parfaite. Le tout semblait sécuritaire et beaucoup de familles avaient été élevés dans cette jolie maison. « Cela semble vous plaire, en tout cas, vous avez bien raison, les photos sur le site internet sont vraiment représentatif de la maison ! » Dit-il en souriant. Il savait que tous les meubles de la propriété avaient été retirés suite au décès de la femme qui y vivait par ses enfants, ce qui laissait peut-être un peu plus la femme découvrir la maison sous tous ses angles, sans obtenir un décor pré organisé. L’homme commença tranquillement à faire le tour, laissant la femme observer tout autour et lui poser les questions qu’elle souhaitait. « Oui, c’est très bien entretenue. En fait, la maison était habitée par une vieille dame depuis 5 ans, elle a acheté après qu’on aille complètement rénover l’endroit et celle-ci est décédée le mois dernier de vieillesse, disons que mise à part cela, tout est dans les règles, j’espère que ça ne vous dérange pas ? » Demanda-t-il, après tout, il y avait toujours des gens complexées lorsqu’une personne avait trouvé la mort dans la maison. « Ses enfants travaillaient dans la construction, alors tout a toujours été réparé dès qu’un problème a surgit. La plomberie est neuve de l’an dernier. » Dit-il en se fiant au dossier.

Voyant que l'homme me laissait décidé du chemin que j'avais envie de prendre pour visiter la maison, je tournai à gauche et me retrouvai dans l'espace qu'occupait le salon. C'était une grande pièce, vitrée sur la façade, qui était cloisonnée par une arche, donnant sur la salle à manger. Le plancher de bois avait l'air d'avoir été installé dans les dernières années et c'est ce que me confirma l'agent immobilier. Il avait l'air de très bonne qualité, une essence dure qui ne s'effriterait pas au premier coup de crayon. Mes yeux remontèrent alors le long des murs puis jusqu'au plafond, qui était légèrement plus haut que le standard, de quoi donner à cette pièce une allure encore plus prestigieuse.
Lorsque l'homme mentionna que la précédente propriétaire des lieux était morte de vieillesse, j'avais porté mon regard sur lui. « Ce n'est pas un problème. » J'avais vécu avec le fantôme de ma mort depuis que j'avais 6 ans, je n'aurais aucun problème à survivre à celui-ci s'il me fallait affronter cela. J'étais légèrement superstitieuse, mais à voir l'état de la maison, je doutais que cette vieille dame vienne hanter les lieux. L'endroit était lumineux et entretenu, pas le genre d'endroit où une personne se sentait abandonnée. Ses enfants avaient dû être avec elle la plupart du temps. Je continuai vers la salle à manger, alors que l'homme fouillait dans ses papiers pour m'expliquer que la plomberie avait été refaite l'année dernière. Merveilleux ! C'était quelque chose dont je n'aurais pas à m'occuper. « C'est parfait ! » dis-je, ne sachant même pas si je répondais à l'homme ou si plutôt je parlais de la demeure. En fait, c'était probablement un mélange des deux.
Tournant la tête vers la droite et trouvait la cuisine, pis baignait dans une lumière matinale. Les armoires étaient fait en noyer pâle, une teinte qui fonctionnait à merveille avec le reste des lieux. Je me voyais déjà en train de cuisiner dans cet endroit, alors que Sophie ferait ses devoirs à la table de l'autre côté du comptoir. Me tournant vers Nolans, je ne pus m'empêcher de lui sourire. « Je suis désolée, je vous fait probablement perdre votre temps. Je le sais depuis que je me suis garée que je veux cette maison. » Il ne me servait plus à rien de jouer la carte de la femme indécise, je savais que je ne repartirais pas sans avoir acheté cette demeure.

La visite de la propriété continuait. Garrett Nolans savait s’y prendre pour amener les visiteurs dans une bonne ambiance, de toute manière, les maisons de Azalea Valley étaient de bonnes qualités pour la plupart et lorsqu’une d’entre elle était sous sa juridiction, il faisait tout pour la mettre en valeur en achetant des produits et en ouvrant les fenêtres par exemple. Il adorait son métier et savait s’y faire – surtout avec une femme parfaite ménagère qui passait la plupart de son temps à faire le ménage ou à travailler en décoration – Garrett aimait réellement Emma, il savait depuis l’adolescence que c’était l’amour de sa vie et cela ne semblerait pas changer avec le temps. Enfin, la visite se passait bien, l’agent expliquait un peu l’histoire de la maison comme il se devait de le faire en développant avec la mort de la vieille dame qui y vivait et les retouches qu’on avait refait dans les dernières années. Cela ne semblait que plaire à la jeune femme. Il n’avait pas encore parlé du quadruple meurtre dans une maison sur Apple Blossom Street, mais bon, ce n’était pas une obligation pour lui de le faire aussitôt. Lorsque la femme lui avoua être réellement intéressée par la propriété, l’homme sourit de pleines dents. « Wow, c’est du direct ça, mais j’adore ! Si la propriété vous intéresse réellement, alors on peut passer à l’étape suivante ? » L’homme lui afficha un grand sourire toute en se retournant vers sa mallette rempli de formulaire à remplir. « Vous allez voir, ce quartier est vraiment parfait ! J’y vis moi-même et depuis des années et je ne le quitterais jamais ! » Il sourit sachant que ses parents étaient sincères.

Savoir le fond de ma pensée plaisait considérablement à l'homme, mais le surprenait aussi. Sans être nécessairement toujours aussi franche, je ne voulais non plus pas perdre de temps pour rien. Même si Sophie devait se faire un plaisir de rester chez mon père alors que j'étais ici, j'aimais mieux ne pas perdre trop de temps. « Wow, c’est du direct ça, mais j’adore ! Si la propriété vous intéresse réellement, alors on peut passer à l’étape suivante ? » J'étais tout à fait d'accord avec lui, autant se mettre tout de suite à la paperasse. Il ouvrit sa mallette et en sortit les documents nécessaire. « Vous allez voir, ce quartier est vraiment parfait ! J’y vis moi-même et depuis des années et je ne le quitterais jamais ! » Je n'avais aucun problème à le croire, l'endroit me semblait tellement calme et serein, ce qui ne ferait aucun mal à Sophie et moi-même. « Je vous crois sur parole ! Le temps que vous sortiez les papiers, ça vous ennuierait si j'allais faire un tour au deuxième étage ? » Ce serait probablement plus facile pour lui, il n'aurait pas l'impression que je m'impatientait pendant qu'il débutait tout cela. J'attendis son approbation et alors qu'il s'installait sur le comptoir de la cuisine, je retournai vers le salon et pris l'escalier qui menait au deuxième étage. Une fois en haut, j'observai la disposition des pièces. Il y avait trois chambres à l'étage et j'entrai dans celle du fond. Cette chambre avait une salle de bain privée ainsi qu'un walk-in qui me plaisait beaucoup. Ce serait donc ma chambre. Revenant sur mes pas, j'entrai dans la pièce qui était à gauche de l'escalier. Assez grande, cette pièce conviendrait parfaitement à Sophie. De la fenêtre de la chambre, on voyait le grand chêne qui surplombait la demeure, à l'avant de la maison. Cela lui plairait certainement. En face de la chambre se trouvait la salle de bain commune, qu'elle aurait pour elle seule, en fait. Et puis à droite de la salle de bain se trouvait une autre chambre, celle-ci légèrement plus petite que la précédente, mais qui serait parfait comme bureau. J'allais pouvoir l'aménager comme bon me semblait. Satisfaite, je redescendis pour trouver Garrett prêt à me faire signer ses papiers.

La rapidité de cette vente plaisait beaucoup à l'agent immobilier qui se retrouvait malheureusement privé de beaucoup de vente face à cet odieu meurtre qui avait eu lieu dans une maison pas très loin de la sienne sur Apple Blossom Street. Sans savoir vraiment pourquoi, le quartier s'était rapidement vidé - peut-être que les gens avaient trop peur de découvrir un autre douloureux secret ou un événement aussi terrible que celui-ci - Garrett, quant à lui, ne le savait pas et il préférait profiter de la vie et du quartier qu'il aimait tant. Dès que la belle brunette lui avoua être totalement comblée par la maison, la visite s'arrêta là, vu qu'elle lui suggéra de poursuive seule pendant qu'il traite tous les papiers nécessaires à la vente de cette propriété. Après tout, il pourrait aller à l'étage en sa compagnie et lui expliquer les potentiels de la maison, mais Elsie semblait si conquise que rien ne lui ferait changer d'avis. L'homme d'affaire aborda un grand sourire et opina, l'air joyeux. « Pas de problème, de toute manière, c'est votre nouvelle maison, vous êtes libre d'y faire tout ce que vous voulez Madame Anderson » Dit-il d'un regard amical. En prononçant le nom de famille de la brune, il se remémora les Henderson - d'une autre écriture - mais il s'agisait malgré tout du même nom à la fin. Il souhaitait seulement que personne lui pose trop de question sur un supposé lien qu'elle pourrait avoir avec le meurtrier sanguinaire qui avait tué sa famille avant de se suicider. Garrett ne voulait pas rien ajouter sur le sujet, sachant parfaitement qu'on parlerait de cette histoire tôt ou tard à Elsie Anderson. Nolans s'occupa de ses papiers tandis qu'elle visita le reste de la propriété durant quelques minutes jusqu'à ce qu'elle revienne. Garrett tourna la tête et se mit à rire - un petit rire discret, mais présent - « Vous avez aimé ce que vous avez vu j'espère ? » L'homme déposa sa mallette un peu plus loin sur l'espace de travail et étendue plusieurs fiches. « Donc, vous avez une offre en tête ? Le prix de la maison est déjà très bon, les anciens propriétaires souhaitent vendre rapidement ! »

De retour au rez-de-chaussée, je m'approchai de l'homme, qui avait terminé de sortir ses papiers. « Vous avez aimé ce que vous avez vu j'espère ? » Bien sûr, que j'avais aimé. Cette maison avait un petit quelque chose et j'étais incapable d'y résister. Avait-elle réellement un côté irrésistible ou était-ce moi qui me faisait des histoires dans ma tête ? Qu'importe, mon choix était fait et je n'y dérogerais pas. « Évidemment. Comme tout le reste de la maison, d'ailleurs. » Je ne pus m'empêcher de sourire, voyant très bien Sophie et moi-même dans cette demeure. J'étais contente d'avoir trouvé aussi facilement un endroit où vivre. Certes, il restait encore certains détails à régler, mais déjà le plus gros était fait. « Donc, vous avez une offre en tête ? Le prix de la maison est déjà très bon, les anciens propriétaires souhaitent vendre rapidement ! » Il restait encore quelques petites technicités à régler. Je regardai alors sur les papiers de M. Nolans quel était le prix demandé par les anciens propriétaires. C'était un prix qui, comme l'avait dit l'homme, était très bon, juste à mon avis. Et n'ayant pas de problème d'argent - j'aurais pu m'offrir une plus grosse maison, je n'en avais simplement pas eu envie - je me retournai vers l'homme, ne comptant pas perdre trop de temps. « Dites aux propriétaires que j'accepte leur offre. Le plus tôt je pourrai aménager, le mieux ce sera. » J'aurais certes pu aller chercher quelques milles de moins dans le prix, mais je n'avais pas envie de me battre. Pas maintenant, pas pour cela. J'avais d'autres problèmes dont me soucier, celui-là n'en faisait pas parti.
Sachant que toutefois, l'homme devait trouver ma conduite étrange, je sentis le besoin de m'expliquer. « Je sais que ma conduite peut vous apparaître... disons... insouciante. Mais c'est parce que j'ai tendance à faire confiance au genre humain. Un peu trop, peut-être, mais je ne tiens pas à me battre pour des choses superficielles. » Je préférais mettre mon énergie dans la promotion de mes livres, espérant ainsi raviver ces moments intimes entre les parents et leurs enfants, alors qu'ils leur lisaient des histoires. Dans ce monde où les nounous courraient les rues, je voulais tendre la main aux parents et les inciter à lire à leurs enfants, avoir un contact avec eux, aussi infime soit-il. Et je m'assurais, par la même occasion, d'inclure dans mes livres une petite morale autant pour les adultes que pour leurs enfants...

L'agent immobilier avait rempli tous les papiers nécessaires pour le moment, mais tandis que la belle était à l'étage. Une question lui revenait à l'esprit. Garrett avait déjà croisé cette femme à quelque part. Son visage lui était familier d'une famille étrange. Il ne voyait pas un lien de rencontre - surtout qu'elle venait du Canada - L'homme d'affaire finirait sans doute par trouver. De toute manière, Elsie avait fait une offre sur la propriété qui serait sans aucun doute accepté voyant pour la première fois l'offre de base prit en compte. Habituellement, les potentiels acheteurs tentaient bien que mal d'avoir le meilleur prix possible et de baisser celui-ci, même si le prix reste convenable pour leurs moyens. Nolans sourit lorsqu'elle s'exprima ainsi. L'agent était plutôt surpris, ce qui le laissa éclater de rire. « Wow, vous l'a voulez cette maison, c'est la première fois que je vois ça depuis que je suis agent immobilier, mais comme j'ai dit plus tôt, le prix est vraiment très bas déjà, les vendeurs seront heureux de cette nouvelle, surtout qu'ils souhaitent vendre le plus tôt possible, je vais les appeler après notre entretien et sachant qu'ils ne vivent pas ici, vous pourrez sans doute aménager très rapidement, aussitôt le rendez-vous chez le notaire prit ! » Lança t-il poliment. Il savait que ce ne prendrait pas beaucoup de temps, Garrett Nolans avait beaucoup de connaissance à Fairview et pouvait obtenir rapidement des rendez-vous. « Il est vrai que c'est inhabituel, mais si vous voulez réellement cette maison, je comprends votre décision. ! Vous êtes à Fairview pour combien de temps ? Sachant qu'en acceptant l'offre, on pourrait passer chez le notaire d'ici la fin de semaine si ça vous convient bien sur ! » Dit-il. C'est à ce moment qu'il comprit où il avait vu cette femme. Il s'exprima avec beaucoup d'expression et de surprise. « Mais oui ! Pardonnez moi. Depuis votre arrivé, votre visage me semble familier ! Vous êtes bien une auteur de roman pour enfant ? Je me souviens bien que mon fils avait votre livre lorsqu'il était gamin ! Je lui lisais à tous les soirs ! et votre photo était sur le verseau ! »

Appuyée nonchalamment sur l'îlot de la cuisine, mon regard passait des papiers officiels à l'agent immobilier. Je n'avais jamais été une grande fan de la paperasse et aimait m'en débarrasser rapidement. C'était un peu ce que je faisais aujourd'hui, décidant d'accélérer le processus de l'achat de la maison en sacrifiant peut-être deux milles, trois milles dollars. Pour moi, rendue à ce point-ci, ça ne faisait pas vraiment de différence. Et puis, si je m'entendais bien avec les anciens propriétaires, c'était mieux ainsi s'il arrivait un problème majeur et que j'avais besoin de prendre contact avec eux. Pour l'instant je ne pensais pas avoir à faire cela, mais qui sait ? L'homme semblait tout à fait épater de ma réaction, mais je ne pouvais lui en tenir rigueur. « Je suis à Fairview pour quelques jours, histoire de faire le tour du quartier et de tout régler pour la maison. » Essayer de faire ça demain, était-ce trop tôt ? Je ne connaissais pas de notaire dans la région, mais j'étais certaine que l'homme avait quelqu'un à sa disposition qui pouvait nous régler tout cela assez rapidement. Alors que j'allais lui demander s'il pouvait s'arranger pour avoir un rendez-vous demain, je vis ses yeux s'agrandir comme s'il venait de comprendre quelque chose. Personnellement, je ne comprenais pas. Jusqu'à ce qu'il me dise qu'il reconnaissait enfin mon visage. Je ne pus m'empêcher de rire lorsqu'il dit avoir lu mes livres à son fils tous les soirs. C'était ce que je voulais que les parents fassent, qu'ils prennent mes livres et passent seulement un petit dix minutes, couché côte à côte avec leur enfant, dans cet intimité souvent trop banalisé. « C'est bien moi. » Je fis un sourire à l'homme. « Je dois avouer, toutefois, qu'il y a très peu de personnes qui s'attardent sur ma photo à l'arrière des livres... » Je n'avais jamais trouvé que je me ressemblais sur cette photo officielle, tant elle avait été retouchée, mais je gardai ce commentaire pour moi. « Je suis réellement flattée que vous ayez lu mes livres à votre fils ! C'est ce qui compte le plus pour moi, la relation parent-enfants. »

L'agent immobilier adorait faire la visite des maisons, c'était son activité préféré depuis qu'il avait commencé dans le domaine et jamais il ne voudrait changer de métier. Il se plaisait complètement dans ce boulot et n'avait aucun problème à poursuivre. Depuis la mort du précédent agent de Azalea Valley il y a plusieurs années, Garrett était l'agent du quartier et personne ne pouvait s'occuper de l'endroit. Il appréciait côtoyer ses voisins et ainsi rencontrer les nouveaux avant quiconque. Nolans pouvait également proposer les services de sa femme, ce qu'il allait faire à Elsie également. Il fouilla dans son cartable et sortit une carte d'affaire qu'il lui tendit. « Parfait pour demain, je ne pense pas que ça causera problème, je vous recontacterais pour ça, sinon voici la carte d'affaire de ma femme Emma. Elle est décoratrice d'intérieur, si jamais vous avez besoin de ses services ! Et je ne dirais pas qu'elle est douée parce qu'en tant que mari, vous allez me dire que je vends son travail, mais j'assure qu'elle est douée. Elle s'est occupée de beaucoup de résidence ici à Azalea Valley ! » Il lui fit un grand sourire. Il devait vendre un peu le boulot de sa femme également. Elle avait beaucoup de clientèle par son compte et le couple rayonnait toujours dans la joie et la bonne entente.

Lorsqu'il comprit comment le visage de Elsie lui était familié, Garrett Nolans lui désigna le livre pour enfant qu'elle avait écrite il y a bien des années. Cette ressemblance avec la photo lui avait explosé au visage, donc il lui avait posé la question - qui était véridique finalement - Garrett sourit bêtement. « C'est super ! J'ai toujours lu ce livre autant pour mon fils que pour mes filles et aujourd'hui, c'est mon fils qui le lit au sien ! .. enfin, lorsqu'il le voit ! » Il hocha la tête. « Je trouve votre style vraiment particulié et je ne vous cacherais pas que ça été le coup de coeur de tous mes enfants mademoiselle Anderson ! » Dit-il en souriant.

Tout allait très bien jusqu'à maintenant. J'allais pouvoir passer demain chez le notaire et tout régler. Ainsi, nous pourrions aménager dans... deux à trois jours ? Les boîtes étaient déjà faites dans mon appartement à Vancouver, les nouveaux propriétaires n'avaient aucun problème à attendre notre départ avant d'aménager, eux-mêmes n'avaient pas vendus leur propriété. Je pris la carte que l'homme me tendait et la regardai rapidement avant de la mettre dans ma poche. « Je suis certaine que votre femme doit être aussi douée que vous. » C'était un compliment qui se voulait pour sa femme et lui, même si je doutais d'avoir besoin d'une designer. Pour l'instant, je ne comptais pas encore faire de rénovation et j'aimais bien décorer par moi-même. J'aimais me retrouver dans mon propre fouillis, pas dans celui des autres. Toutefois, j'allais garder la carte, j'en aurai peut-être besoin plus tard, ou même dans un autre contexte que celui de la décoration de ma maison. Pour un évènement dans un hôpital pour enfant, par exemple, où j'allais vouloir décorer une de leur salle et ainsi mettre en scène mes livres, pour que les enfants malades entrent complètement dans mon monde et qu'ils sortent du leur. Enfin, ce n'était que des idées, je n'avais rien de prévu pour l'instant.
L'agent immobilier me révéla ensuite être un fan de mes ouvrages, ainsi que ses enfants, auxquels il avait lu mes livres. J'étais flattée qu'il aime mes livres, mais aussi que son fils en fasse maintenant la lecture au sien. C'était ce que j'avais voulu accomplir, depuis le début. Resserrer les liens parentaux, intégrer une nouvelle tradition, permettant aux enfants de s'évader dans des mondes fantastiques avec des oiseaux qui parlent et des poissons qui voudraient voler. « Oh ! Mon dieu, merci ! Vous ne savez pas à quel point ça me fait chaud au coeur d'entendre cela. » Je lui fis un sourire. « Je suis heureuse que vos enfants et vous-même ayez appréciés mes livres. » Cela venait du fond du coeur, il me faisait réellement plaisir en m'avouant tout cela. « Si jamais je peux faire quoi que ce soit pour vous, vos enfants ou même vos petits-enfants, n'hésitez pas à demander ! » J'étais prête à n'importe quoi pour des gens qui appréciaient mes livres, d'un autographe jusqu'à une mise en scène ou même une petit histoire personalisée. J'adorais mon métier et le faire déborder de la case travail faisait mon bonheur.

Monsieur Garrett Nolans était un home sincèrement sympathique et bon. Il avait toujours fait passé les gens avant lui – particulièrement sa famille – l’homme prenait soin de sa femme depuis la journée de leur rencontre tout comme ses enfants. La lignée Nolans continuait à grandir et le brunet en était fier. Justement, sa sœur Katelyn était également habitante de cette ville. Il prenait toujours un grand plaisir à la côtoyer et prenait ce qu’elle disait toujours bien au sérieux. Kate avait récemment obligé l’homme à renouveler ses vaccins, ce qui avait empêché l’agent immobilier de souffrir d’une infection au tétanos. Oui, cette maladresse lui avait couté une semaine de repos forcée, mais il s’en était franchement bien sortie et pouvait reprendre son travail comme auparavant sans problème. Son pied ne lui faisait presque plus mal et il marchait correctement.

Ce qu’il fallait comprendre, c’était bien que Garett Nolans était un vrai bourreau de travail. Il avait la passion du métier et ne pouvait jamais s’arrêter. Malgré cela, il gardait du temps pour sa famille – sachant qu’il s’occupait de Azalea Valley, il avait la chance de pouvoir conserver sa place et ne pas devoir aller à l’agence au centre de Fairview trop souvent – justement, la nouvelle acquisition qu’il venait de vendre faisait tout le bonheur de l’agent. Elsie serait sans aucun doute une excellente voisine. Il l’a voyait bien s’entendre avec sa femme Emma justement. Il s’imaginait déjà en train d’annoncer à la rouquine que l’écrivaine pour enfant Elsie Anderson venait d’acheter une maison dans leur quartier résidentiel. Garrett pouvait être digne d’un enfant parfois, ce qui faisait bien rire sa femme. Il offrit un grand sourire à sa cliente en reprenant. « Et bien, vous faites vraiment un beau travail ! Ce n’est pas toujours facile d’écrire de bons livres pour les enfants et ça m’a fait un grand plaisir de vous complimenter ! Il est certain que je continuerais à faire découvrir votre succès à mes petits-enfants à venir ! Et je n'hésiterais pas à demander. » Il lui fit un petit clin d’œil et commença à ranger tous les papiers après avoir reçu une signature de Elsie. Il boucla son cartable et se retourna. « Alors, madame Anderson, on se revoit chez le notaire, sachez que si vous avez besoin de quoi que ce soit, d’une information ou autre, vous avez mon numéro ! Je suis disponible à n’importe quelle heure ! » Il lui offrit un grand sourire.

Tout allait très bien jusqu'à maintenant. Je signai les papiers de monsieur Nolans avec un sourire léger sur le visage. Régler mes problèmes de Vancouver en déménageant n'était peut-être pas la meilleure idée pour les régler, mais j'espérais que cela donne la perspective nécessaire à ma fille pour se rendre compte, justement, qu'elle avait des problèmes. Elle m'en voulait déjà, je le savais, mais je n'avais pas d'autres choix. Et les gens ici semblaient aimables ! « Alors, madame Anderson, on se revoit chez le notaire, sachez que si vous avez besoin de quoi que ce soit, d’une information ou autre, vous avez mon numéro ! Je suis disponible à n’importe quelle heure ! » Je souris à l'homme, bien contente que tout cela soit régler. Ainsi, demain j'allais passer chez le notaire, rencontrer les actuels propriétaires et signer le reste de la paperasse. Je pourrais donc ensuite aménager avec Sophie et ma vie reprendrait son cours normal. Évidemment, nous allions devoir nous habituer à ce nouvel environnement, mais cela ne serait pas un problème. « Merci beaucoup, monsieur Nolans. » Je lui serrai la main en guise de remercimant. « Ce fut un plaisir d'avoir affaire à vous, j'espère que nous nous recroiserons une fois que je serai installée. » Bien sûr, tout n'était pas encore régler, mais je n'étais pas le genre de personne à créer des problèmes où il n'y en avait pas. Alors si les propriétaires actuels, comme l'avait dit Garrett, avaient hâte de vendre la propriété, eux non plus ne devraient pas en créer. Je suivis l'homme jusqu'à l'extérieur de la propriété et me dirigeait vers ma voiture. Je débarrai la portière, mais avant de l'ouvrir, je me tournai vers l'homme. « À demain, monsieur Nolans ! » je lui souris avant d'entrer dans ma voiture, direction le centre-ville. Avant de retourner à l'hôtel, je voulais faire un tour en ville, voir ce que Fairview allait m'offrir. C'était mon futur chez-moi, non ?

TOPIC TERMINÉ & VERROUILLÉ