Francesca Velasquez & Rebecca Lawford

A

mbiance de la nuit. Musique moderne. Son au maximum. Piste surinvestie. Gens usant de perpétuels mouvements. Voilà à quoi se résumait la soirée de Rebecca Lawford. La jeune femme observait les individus en proie au rythme imposé par la musique, ils dansaient sans se préoccuper du monde extérieur. Ils semblaient possédés, emportés, par le son. Cette vision était magnifique. La rouquine ne bougeait pas de sa chaise, elle buvait plus qu’autre chose. Elle enchainait les verres ne s’en rendant même plus compte de cette donnée. Une brunette, assise juste à côté, ne s’était pas levée non plus sauf peut-être une fois pour se refaire une beauté. Becca l’avait observé. Elle paraissait préoccupée, comme chagrinée par des détails. Lawford osa introduire quelques paroles pour mieux faire connaissance:

- Salut, moi c’est Rebecca, on est arrivées en même temps il me semble. Pardon de t’interrompre dans ta dégustation de…? C’est quoi ce cocktail? Expressivité sur le visage présente. Tu m’as l’air très pensive, franchement ça ne sert à rien de te noyer dans l’alcool, un pauvre con va en profiter. Tu n’es pas venue pour cela je suppose…? Tu devrais t’abstenir et parler, ça te fera peut-être le plus grand bien.

La jeune femme rapprocha son tabouret de celui de la femme. Installées au comptoir, elles auraient tout le loisir de discuter. Francesca ne détenait pas une allure à se dévergonder ainsi dans ce genre de lieux. Sa posture, sa carrure, son attitude lui conférait un drôle de mélange au niveau apparence, composait de classe et de vulgarité. Ses traits de visage ne cachaient pas une certaine fatigue, au contraire, même bien maquillée, sa mine traduisait un vécu. Becky désirait discuter avec cette femme. Peut-être pourrait-elle l’aider? La spontanéité parlait. Cela pourrait la mener loin… un peu éméchée, la belle ne se contrôlait pas la plupart du temps: des vérités perceraient, il s’agissait d’une raison qui ne l’amenait pas tellement à sortir.

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Ce soir, la grande résidence de Francesca Velasquez semblait plutôt vide et lugubre. Depuis qu’elle avait perdu son mari, la vie n’était plus ce qu’elle était autrefois. La dame tentait bien que mal de vivre sans la présence de cette homme et l’idée qu’il avait beaucoup souffert avant de mourir et pour en ajouter une couche, Ivannah, sa fille unique lui en voulait. Elle passait le plus clair de son temps à lui reprocher n’importe quoi et l’envoyer balader. Frances tentait de faire ce qu’elle pouvait pour l’aider et se rapprocher, mais en vain, Ivy était froide et méchante. Velasquez espérait surtout passer à autre chose – pour ce faire, elle magasinait et dépensait une petite fortune à tous les jours – elle trouvait en quelque sorte un confort là-dedans.

Après avoir regardé le bulletin de nouvelle de la journée, la femme décida d’aller en boîte. Elle avait envie de boire un cocktail et d’écouter de la bonne musique. Elle s’habilla avec classe, coiffa ses cheveux et roula jusqu’au Whisky’s Bottle. Rendue à destination, Francesca commanda une boisson qu’elle n’avait jamais bu – il s’agissait d’une spécialité de la maison – et le savourait avec goût jusqu’à ce qu’une femme s’approcha d’elle et l’interpella. La dame borda un grand sourire sur son visage malgré la tristesse qu’elle ressentait ce soir et ajouta de son accent espagnol. « Oh bonjour Rebecca, moi c’est Francesca ! C’est un plaisir de vous rencontrer et ne soyez pas désolé, je bois en solitaire ! Un peu de compagnie me fera beaucoup de biens… et pour le cocktail c’est un Soleil tropical, un truc qu’ils ont inventés ! Enfin, je crois ! » Elle sourit bêtement en zigzagant des lèvres et baissa les yeux vers son verre de couleur jaune. La rouquine lui demanda si tout allait bien, Frances soupira et reprit un faible sourire mélancolique. « Non non non, disons que ma vie n’est plus ce qu’elle était et je me sens plutôt seule ! Je ne bois que pour passer le temps et tenter de m’amuser, mais ça ne vient pas ! Et vous, vous êtes venue pour danser ? »

Francesca Velasquez & Rebecca Lawford

H

ey tu as un accent, tu viens d’où exactement? C’est trop mignon! Enchantée Francesca! La brunette restait très polie. Elle ne refusait pas que Lawford vienne l’aborder. Cette dernière sentait la détresse de cette inconnue. Peut-être avait-elle besoin de tout extérioriser auprès de quelqu’un qui ne la jugerait pas? Rebecca serait cette oreille attentive. Elle voyait que cette femme détenait le besoin de parler, de se confier. Son allure un peu trop soignée semblait attester de sa solitude. Spontanément, on pouvait annoncer qu’elle détenait une personnalité assez stricte pour ne pas oser les confessions, ou montrer son vrai visage. Elle ressemblait à une de ses femmes de banlieues riches. Je peux rester un peu avec toi? Frances répondit à la question de la rousse sur son cocktail. Ah, aux vues de la couleur, ça semble sympa! Ça va, tu aimes? Faut avoir confiance quand on ne connait pas. Elle sourit. Quand Becky s’essayait à quelques découvertes sur ce personnage impressionnant, de par sa carrure et ses origines, qui se dessinait devant ses yeux. Ah je suis désolée, ce soir je veux bien de te tenir compagnie, tu ne seras pas seule. Je suis présente pour t’écouter si tu veux. Je sais on ne se connait pas, justement c’est le moment de faire connaissance. Tu m’as l’air super intéressante et sympathique. Tu ne t’amuses pas? Moi non plus à vrai dire. Je ne sais pas pourquoi je suis venue, je voulais juste passer du bon temps également je pense. Sourire qui se perdit dans une amertume sans fin. Les deux femmes allaient sûrement bien s’entendre.

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Rencontrer une personne sympathique ferait sans aucun doute un grand bien à la belle Velasquez. La femme de Cali en Colombie n’avait pas réellement de grande copine présente dans sa vie, des femmes proches qu’elle pouvait régulièrement côtoyer. Peut-être qu’elle se faisait un film beaucoup trop rapidement, mais oui, cette rousse pourrait sans doute faire sujet d’amitié, malgré son jeune âge. De toute évidence, la belle espagnole n’avait jamais eu de difficulté à se faire des amis – de plus, n’avait aucun préjugé peu importe la personne – elle restait une femme plutôt seine d’esprit, bien que sa fille Ivannah ne semblait pas y faire réellement attention malheureusement. Francesca surprise de l’intérêt que lui porta la jeune inconnue lui fit un de ses plus beaux sourires, ravies de pouvoir discuter un peu de sa vie avec elle. « Je viens de la Colombie, plus précisément de Cali ! Je suis arrivé ici à la fin de mon adolescence avec mon mari.. il est récemment décédé, c’est sans doute la chose la plus dure que j’ai vécu jusqu’à présent et vous, vous êtes à Fairview depuis longtemps ? » Demanda-t-elle d’un sourire un peu maladroit, mais ravie également. Elle agrippa son verre et but une longue gorgée de ce nectar qu’elle appréciait. « Si vous voulez tester, je peux vous en payer un verre ! » Dit-elle. La seconde demande de Lawford créa chez Frances un nouveau sourire. Elle posa une main sur l’épaule de la jeune femme et ajouta. « Évidemment, je suis seule et un peu de compagnie ne pourrait me faire que du bien ! De plus, si on s’ennuie toutes les deux, ça risque de changer ! » Avoua-t-elle, pleine d’enthousiasme.

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J

e ne connais pas, c'est dans le centre? D'ailleurs quelle est la capitale de la Colombie? Désolé je peux paraître un peu inculte sur les bords mais ce soir je n'ai pas le courage de jouer avec les apparences, ni de faire semblant. Elle ria, la belle ne se prenait réellement pas au sérieux. Tout était permis. La rousse avait multiplié les verres juste avant de discuter avec la magnifique brune aux origines remarquables. Alors, elle paraissait en accord avec la vraisemblance et le naturel: exit les artifices de la parfaite Housewives! Frances commençait à amener la période de son arrivée à Azalea Valley et bien en forme, Lawford enchaîna: Ah oui, vous le.... elle stoppa net ses dires à la suite des propos de son interlocutrice. Cette dernière avoua le décès prématuré de son époux. Becca arbora une mine compatissante et navrée. Elle ne s'attendait pas à ce genre de révélations de la part de cette inconnue. A coup-sûr, il fallait l'aider à oublier le temps d'une soirée au moins. L'archiviste l'occuperait le plus possible pour lui éviter d'avoir le temps de penser, surtout à ce tragique évènement. Toutes mes condoléances... . Cela ne doit pas être gérable au quotidien, tu n'es seule au moins? Tu as des enfants? Le soutien est important dans ce genre d'épreuves... . Elle marqua une légère pause, tant son malaise ne disparaissait pas. Elle répondit à la question de la femme quelques longues secondes après. Je suis arrivée il y a quelques mois avec mon mari. Ce soir, j'ai besoin de décompresser. Cette vie me tue par moment... . Elle garda un sourire timide. Velázquez proposa de payer un verre à Becky. Je te dis ok à condition que je te paie le prochain d'un nectar que je choisirai. On va s'amuser à les goûter, plaisanta-t-elle. ça te va? Pardon... lança-t-elle en plein milieu de son discours, je te tutoie sans demander, ça te dérange pas? Je ne suis pas d'humeur aux formalités qui cachent la vie ce soir, comme tu le vois... ça me pèse. Rire de mise afin de maquiller un peu son mal-être. Francesca affirma qu'un peu de compagnie lui ferait du bien en posant une main sur l'épaule de la rousse. Celle-ci ne disait pas "non" également. Tu as raison, je suis pour également! Tu m'as l'air super cool en plus. Je sens qu'on va s'amuser ensemble. L'alcool parlait un peu pour elle.

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Francesca Velasquez regardait la jeune femme d’un grand sourire. Oui, la situation était peut-être un peu triste, mais elle pouvait profiter d’un peu de bon temps avec une parfaite inconnue qui pourrait devenir son amie à la fin. Elle s’intéressait à sa vie et à son pays ce qui plaisait à l’espagnole. « La capitale de Colombie est Bogota ! » Elle lui sourit. « De toute manière, je suis bien ici et surtout depuis que j’ai rejoint Azalea Valley, tu connais ce quartier résidentiel ? » Demanda-t-elle sans connaître la réelle résidence de sa voisine. Lorsqu’elle lui avoua que son mari était mort depuis peu de temps, cela amena un peu de sympathie chez la rouquine, c’était normal et Frances sourit délicatement, trouvant son geste très appréciable. Elle se sentait bien et pouvait enfin parler. Malgré le temps qu’elle avait passé à Fairview, elle n’avait pas beaucoup de proches amies sur lesquelles elle pouvait compter et parler sans frontière. « C’est très difficile ! Et j’ai une fille, Ivannah, je l’adore, mais disons que depuis la mort de mon mari, ce n’est pas simple entres nous ! Je dois être une mère horrible sans doute ! » Soupira-t-elle. Velasquez fronça tristement les sourcils et écouta l’histoire de la femme. « Je vous comprends et j’accepte votre requête, profitons de cette soirée et amusez-nous et totalement, vous pouvez me tutoyer ou m’appeler Frances si vous le souhaitez ! » Lança-t-elle. Elle avait déjà hâte de gouter le reste. « Tu m’as l’air vraiment super aussi ! Je sens qu’on va passer une superbe soirée ! »

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L

es femmes parlèrent de tout et de rien. La conversation était lancée. A coup-sûr, elles ne se quitteraient pas avant la fin de la nuit. Elles ne savaient rien l’un de l’autre, alors si elles voulaient apprendre à se connaître, elles en avaient pour un moment.

- Ah merci ! C’est comment là-bas ? Pourquoi avoir quitté votre pays pour cette ville ? Vous y revenez parfois ? Reb voulait en savoir plus sur la femme qui lui faisait face, elle était extrêmement intéressante selon la rousse. Son sourire ne la quittait pas. Oui je connais, tu vis dans quel quartier ? Moi c’est Apple Blossom Street.

La belle Frances se confia sur sa vie. Son mari était décédé. La brunette ne s’en remettait pas. Elle ne devait pas pour autant noyer son chagrin dans l’alcool. Elle avait besoin d’une épaule sur laquelle elle pourrait pleurer sans se soucier des apparences. Lawford était présente pour l’écouter. Un peu éméchée, elle ne perdait pour autant de son attention.

- Tu n’as rien fait ne dis pas cela. Je ne pense pas que tu es causé sa mort. Ta fille a besoin de se confier, d’en parler. Elle est jeune, non ? Elle est sûrement dans le déni et elle te fait payer le manque d’un repère. ça lui passera. Le temps efface les blessures. Elles en vinrent à une note plus positive. A deux, elles se feraient oublier leur malheur! Super on va s’amuser ! Tu es extra ! Tu peux me tutoyer, Frances c’est très joli ! Tu peux m’appeler Reb, Becca, Becky, à toi de voir. Elle sourit. Merci ! On a pleins de choses à se dire et pleins de défi à se lancer ce soir.

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TERMINÉ & VERROUILLÉ.