Récemment, Garrett Nolans avait fait la visite d'une maison chez un couple pas très propre. La résidence n'était guère entretenue et par mégarde, l'agent s'était blessé en pilant sur un clou au sous-sol. L'homme d'affaire s'était aussitôt rendu à l'hôpital où sa charmante soeur Katelyn lui avait fait des radios et un plâtre pour être certaine que son pied guérisse sans soucis. L'homme avait également appris qu'un congé d'une semaine serait de mise ; ne pouvant même pas conduire. Ainsi, après avoir passé plusieurs jours dans sa maison de Apple Blossom Street, Monsieur Nolans préféra sortir un peu. Il savait que son fils Oliver ne travaillait pas, donc pourquoi ne pas lui rendre une petite visite. Emma était occupée avec la visite d'une maison - elle s'occupait de cela pour le moment où il était pris en béquille - et devait ensuite s'occuper de la décoration d'un manoir récemment acheté au centre-ville de Fairview. Alors, Garrett sortit à l'extérieur et parcourut le quartier avec un peu de difficulté. Le père de famille savait très bien qu'en milieu de semaine, peu de gens étaient à la maison. Ses filles étaient à l'école comme la plupart des enfants du voisinage. Arrivé devant chez Oliver, il monta la vérenda et frappa à la porte avec quelque peu de difficulté pour attendre qu'on lui répondre. Il souhaitait tout simplement que son fils soit réellement présent sans quoi il aurait fait tout ce chemin en béquille inutilement.

La vie n'était jamais simple, surtout pas lorsqu'on devenait père bien loin de la majorité. Oliver était un de ceux là, un de ceux qui avaient dû devenir responsable alors qu'il sortait à peine de l'enfance. Aujourd'hui, plus de dix ans plus tard, sa vie avait bien changé. Oliver avait perdu la foi, la foi en beaucoup de choses: en l'amour, en l'amitié et tout ce qui lui restait était bien sa famille et cette petite bouille, cette moitié de lui qu'il ne voyait que trop peu. Travailler, toujours travailler, Charles n'avait plus réellement le temps de se reposer et encore moins de se consacrer pleinement à l'éducation de son jeune fils. Ce jour là, Nolans était seul chez lui, de repos puisque la veille, il avait travaillé bien tard pour terminer le service du soir. Il était déjà tard dans la journée et le pauvre Oliver émergeait doucement. Il avait une tonne de choses à faire pourtant: trouver de nouvelles recettes originales pour le restaurant, faire des courses et un brin de ménage pour conserver la tenue correcte de son habitat s'il devait garder le fils prodigue quelques jours pendant ses vacances.
Après avoir rangé un peu la demeure, Oliver alluma une cigarette, un brin hyperactif et décalé depuis qu'il avait accepté ce travail dans un restaurant branché de la ville; Nolan avait bien besoin de décompresser d'une manière ou d'une autre. Puis, le jeune homme entendit un bruit sourd venant de l'arrière de la maison. La véranda. De sa démarche chaloupée, Charles se dirigea vers le lieu dit: il aperçut le visage de son père ainsi que sa béquille. Un tout nouveau sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'il entreprit d'ouvrir la porte. Il attrapa alors la main tendue de son père pour lui serrer avant de l'aider à entrer, situation difficile avec son pied blessé. Une fois arrivé dans le salon, il déposa une chaise devant lui pour qu'il puisse s'asseoir pendant qu'Oliver s'adossait à la table.

Wow, papa! Je t'attendais pas aujourd'hui mais ça fait bien plaisir avec le boulot, j'ai plus trop le temps de passer comme avant. Maman va bien? Et les frangines? Tu veux quelque chose à boire peut être? Rah, je suis content que tu sois là!

Garrett Nolans adorait rendre visite à son fils et malgré la courte distance qui les séparait, ils ne se voyaient que rarement la plupart du temps. Oui, à chaque semaine, mais pas longtemps la plupart du temps. En sachant que Oliver était en congé tout comme lui aujourd'hui, le père de famille avait préféré passer du temps avec son fils ainé - et unique - il appréciait réellement Oliver. Il était le seul fils qu'il avait eu et son premier enfant, donc sans doute qu'il se sentait beaucoup plus proche de lui que d'Alyson et Lizzy - quant à elle, devenait de plus en plus insupportable malheureusement - Garrett espérait pouvoir garder une bonne complicité avec Oliver jusqu'à sa mort. C'était déjà bien partie, de toute manière, il était plutôt rare de voir des querelles père-fils rendu à cette âge-là. Garrett n'était pas trop envahissant et laissait vivre son fils tout en lui apportant du soutien. L'agent immobilier l'avait aidé lorsqu'il avait eu besoin d'argent pour l'achat de cette belle résidence sur Gardenia Street. Étant l'agent immobilier de Azalea Valley, l'homme pouvait se permettre ce genre d'aide - particulièrement pour son fils unique - pour le moment, il était le seul ayant quitté la maison. Lizzy était toujours étudiante au lycée et Alyson avait préféré continuer à vivre à la maison tandis qu'elle étudiait à l'université.

En entrant dans la maison de son fils, Nolans afficha un grand sourire. Il se sentait toujours bien lorsqu'il était en sa présence et un regard chaleureux se dégageait de Charles. « Ça me fait plaisir de passer ! Je ne savais pas trop quoi faire et avec ces béquilles, je ne peux même pas conduire ni travailler, alors j'ai décidé de passer un peu de temps avec mon fils ! » Il lui fit un clin d'oeil et tenta de s'assoir sur la chaise que Charles lui avait tendu. Il serra les dents et s'ajusta difficilement. « Maudite béquille ! Fallait bien que je me blesse comme ça, ta tante Katelyn m'a obligé à prendre du repos durant au moins une semaine ! Au début j'ai cru perdre mon pied, j'ai marché sur un clou rouillé, mais selon l'experte, je risque de vivre encore bien longtemps ! » Garrett aimait faire un peu d'humour. Il écouta ainsi son fils lui poser quelques questions sur le reste de la famille. « Ta mère est au boulot, tes soeurs à l'école, rien de nouveau ! Mise à part la rebellion de Lizzy qui commence à me sortir par les oreilles et puis, Alyson... elle est arrivée au moment moment tandis que je m'amusais avec ta mère disons ! » Il grimaça, riant un peu. Il savait bien que ce genre de sujet n'était pas tabou avec son fils, il était assez âgé pour comprendre de toute manière.

Oliver savait qu'il manquait de temps pour tout. Pour son fils, pour lui même et surtout pour sa famille. Depuis qu'il travaillé au restaurant, il passait en coup de vent rendre visite à la fratrie Nolans et cela lui manquait terriblement. C'était étrange mais le jeune homme n'avait jamais eu de problèmes avec ses parents. Il les adorait et jamais, ô grand jamais, il n'avait fugué ou remis en cause leur autorité. Garrett & Emma l'avaient toujours soutenu et ce même lorsqu'ils apprirent la grossesse de la petite amie de leur fils à l'époque. Ils avaient accepté l'enfant et rien que pour cela, Charles leur était reconnaissant. Toujours là pour lui, Oliver comptait bien leur rendre la pareille lorsqu'ils auraient besoin de ses lumières.
En voyant son père derrière la vitre, Oliver laissa son large sourire sur son visage. Oui, cela faisait déjà plus d'une semaine qu'il ne l'avait pas vu et avait appris au téléphone sa mésaventure. A vouloir trop faire, le père de la famille avait malencontreusement marcher sur un clou rouillé et heureusement que sa tante médecin, avait pu faire quelque chose pour lui même si aujourd'hui, il semblait souffrir. Garrett réussit néanmoins à s'asseoir et Oliver le regarda avec intérêt. Son père lui raconta son histoire de vive voix cette fois ci et Oliver commenta son périple.

Tu as bien eu raison de passer! Je ne suis pas venu chez vous depuis longtemps, on a du temps à rattraper! C'est toujours à toi que cela arrive ce genre d'aventures! J'espère que ça guérira vite, je sais bien que sinon tu vas rester comme un lion en cage si tu peux pas travailler ou bouger comme tu veux! Et j'espère bien que tu seras encore sur cette Terre pour un bout..

Oliver profita de ce moment calme pour demander des nouvelles du reste de la famille. Pas grand chose à signaler sur la planète Nolans mis à part que l'ouragan Lizzie était encore en action et que ce n'était pas prêt de s'arrêter à en juger par les paroles excédés du père. Charles croisa les bras, désolé de voir que sa soeur leur donnait du fil à retordre. Il avait peu d'occasions de la voir en ce moment et il n'était plus en très grande entente avec elle malheureusement, il espérait tout de même que cela la passerait, comme une vulgaire crise d'adolescence.

Oh, je pourrais tenter de lui parler la prochaine fois si tu le souhaites! Je sais à quel point elle peut être énervante mais avec ta blessure, il vaut mieux que tu restes calme! Tu veux quelque chose à boire peut être? Le voyage a dû t'épuiser!

Aaron Garrett Nolans était sans aucun doute un bon père. Depuis qu’il l’était, il avait toujours tout fait pour bien éduquer ses enfants en leur offrant une belle vie et gagnait suffisamment d’argent pour être généreux et présent lorsqu’ils avaient des soucis. L’homme d’affaire ne refusait jamais rien lorsque ses enfants en avaient besoin. Il était à l’écoute tout comme Emma. Le couple Nolans n’était pas seulement de bons parents, mais un couple idéal. Tout le monde rêvait d’être comme eux. Ils étaient toujours très amoureux malgré les années de vie commune. Il ne fallait pas oublier que Garrett avait fait la rencontre d’Emma dès le lycée et jamais il ne l’avait laissé tomber. Aujourd’hui, leur fils ainé était dans la vingtaine avancée et il vivait dans sa propre maison – pas si loin de la leur – ce qui aidait la famille à être plus souvent réunis. Nolans voyait bien que depuis quelques temps, le travail était prenant pour tout le monde, peut-être avait-ce un lien avec l’arrivée des fêtes, mais bon, il était blessé et voulait voir son fils, ce qu’il fit malgré les difficultés qu’il entreprit entre temps. Le père s’installa rapidement à l’intérieur pour ne pas mourir de douleur, béquilles en main. « Je sais bien, le boulot est parfait très prenant ! Je suppose qu’au restaurant, ça doit être une période fleurissante, tout le monde adore manger de bons plats lorsque les fêtes approchent ! Comme la vente de maison ici à Azalea est beaucoup plus importante depuis quelques mois. Il faut croire que le meurtre des Henderson a peut-être fait fuir beaucoup de gens, mais ça n’empêche personne de s’installer dans le secteur malgré ça ! » Il fit un sourire et regarda autour de lui la maison de son fils. « J’espère aussi guérir rapidement, je deviens fou à la maison ! » Dit-il en riant. L’homme ajouta ensuite rapidement. « Je veux bien boire un café ! » Garrett adorait ce genre de boisson et malgré la tasse qu’il avait pris ce matin en se réveillant, il en avait encore envie. Pendant qu’il se déplaça, il haussa le ton pour continuer la conversation. « Si tu veux, j’accepte, Lizzie pourrait sans doute t’écouter plus que nous ! Dès que ça vient de ta mère ou moi, elle devient irritante ! »

Oliver avait toujours eu une confiance aveugle en ses parents. Jamais, il n'avait imaginé les renier ou leur faire des misères. Toujours là, parents idéals, autoritaires quand il le fallait mais qui avaient aussi laissé leurs enfants prendre leur envol, les parents Nolans faisaient rêver beaucoup de monde dans le quartier. Depuis que Charles travaillait au restaurant, jamais il n'avait véritablement entendu de mauvais commentaire sur ses géniteurs et les compliments à leur égard continuaient de fuser encore aujourd'hui. Très fier de sa famille, l'aîné des Nolans était bien content de cette visite surprise de son père. Malgré sa blessure, Garrett semblait avoir envie de bouger, il ne restait pas en place plus de deux minutes habituellement et sa condition ne changeait pas cela aujourd'hui.
Le patriarche de la famille avoua en effet que la périodes des fêtes devait être la raison de cet éloignement entre eux. Ils avaient tous beaucoup de travail et ce malgré le fait qu'un évènement terrible était arrivé quelques temps plus tôt dans la ville. Cela n'empêchait pas l'immigration et aussi bien à l'agence qu'au restaurant, les clients affluaient par centaines. Peu de repos, peu de jours à consacrer pour la famille mais ils comptaient bien se rattraper une fois le rush passé.

Après les fêtes, ça ira mieux, j'en suis certain! Et puis, tu auras guéri peut être d'ici là non? Oui, c'est vrai que ce tragique évènement n'affecte pas tant que cela l'économie, qui l'aurait cru?

Il sourit légèrement avant d'aller mettre la cafetière en marche. Puis, il revint vers son père qui lui confiait son incapacité à gérer Lizzie. Depuis quelques temps, elle était devenue une furie et personne n'arrivait à lui parler. Oliver se doutait qu'il n'y arriverait pas mais autant essayer après tout.

Je suis quasiment sûr qu'elle ne m'écoutera pas du tout voire m'agressera mais bon, je peux au moins essayer. Je comprends pas ce qui lui arrive depuis quelques semaines, c'est invivable!

Puis, il alla chercher le café fait pour poser la tasse devant son père. Un moment simple mais qui lui apportait le sourire, chose rare ces temps ci...

Le père de famille était réellement fier de son garçon. Oliver était le seul qu’il possédait, sachant que les deux plus jeunes étaient des filles. Il pouvait en être fier, sachant également qu’il avait eu un garçon tôt dans sa vie. L’homme n’avait aucun problème, il savait depuis l’enfance que Emma était l’amour de sa vie. Il avait passé tant de temps à ses côtés qu’il ne se souvenait même pas de ne pas l’avoir connue. Elle était son rayon de soleil et tout le monde savait qu’ils s’aimaient éperdument. En cette journée de repos, Nolans n’avait rien trouvé de mieux que de rendre visite à son fils qu’il ne voyait pas si souvent que cela malgré la courte distance qui les séparait. Garrett avait une vie occupée avec le boulot comme Emma et Oliver justement. Dès qu’il en avait l’occasion, il pouvait lui rendre une petite visite et ça faisait toujours plaisir à tous. Le père de famille discutait paisiblement sur leurs vies et sourit. « Selon ta tante Katelyn ! Oui, je serais guéris avant les fêtes ! et je l’espère, laisser ta mère seule pour tout préparer, ça ne me tente pas trop, tu vas venir à la fête que Monsieur Taylor organise pour noël ? » Demanda-t-il. Ils avaient tous reçus des invitations. Le couple Nolans passerait la journée de Noël en famille et quelques jours avant avec la communauté de Azalea Valley comme à chaque année. « Tu as regardé la météo, il annonce étrangement froid pour les fêtes cette année, à croire qu’on pourrait avoir de la neige pour la première fois si ça se réalise tout ça ! » Il bordait un sourire fier, Garrett vivait dans l’Eagle State depuis toujours et la neige, il n’en avait jamais vu. C’était désolant pour l’homme autant pour sa famille qui aurait bien aimé voir tomber un jour une fine couche de neige blanche et froide. Oliver quitta ensuite la pièce pour faire couler du café et revint quelques minutes plus tard. Garrett sourit – malgré qu’il ne pouvait pas l’aider – et attrapa la tasse. « Je ne comprends tout simplement pas pourquoi elle est devenue si sèche et rebelle ! Moi et ta mère avons pensé à de mauvaises fréquentations, ses amis ne sont pas les mieux de Fairview, mais peut-être que cela a aussi un lien avec le meurtre des Henderson… » Lizzie était amie avec leur fille après tout.

Des moments celle celui là, Oliver n'en vivait que très peu depuis quelques années. Il fallait avouer qu'il avait pris son indépendance assez jeune et que l'envie de revenir à la maison s'était quand même fait sentir pendant ces temps de solitude. Mais jamais il ne franchissait le pas. C'était ainsi depuis toujours, Charles était un peu solitaire, préférant la compagnie de sa cuisine à certains individus. Il aimait sa famille plus que tout pourtant mais il n'osait plus vraiment interférer. Il attendait simplement le moment propice pour refaire son entrée et l'arrivée de son père en ce jour maussade n'était qu'une excellente initiative pour changer les choses. Oliver souriait depuis que Garrett avait mis les pieds chez lui et il était plus que ravi d'avoir enfin une conversation entre hommes, comme au bon vieux temps, celui où il avait dû apprendre à être père alors qu'il n'était qu'un enfant.
Son père lui demanda d'ailleurs s'il comptait faire un petit tour à une des fêtes du quartier et il fallait avouer que le pauvre cuisinier était bien loin d'être au courant de tout cela. Il fronça les sourcils quelques instants avant de répondre à Nolans.

Et bien, je n'étais pas vraiment au courant. C'est fou ce qu'avec le boulot, je suis déconnecté de la réalité. Tout le monde sera là j'imagine? Je vais voir ce que je peux faire, si cela se trouve, je vais devoir travailler...

La conversation continua, cette fois sur la météo. Il n'y avait jamais de neige dans le coin et Oliver savait que pour son père, c'était une grosse perte. Il lui fit donc un large sourire en croisant les bras.

Si c'est le cas, je suis persuadé que je te retrouverais comme un gamin devant un bonhomme de neige tiens. J'espère alors, j'espère...

Et enfin, sa soeur. Lizzie, la fameuse. Oui, elle était devenue une petite peste mais Oliver se doutait que cela avait à voir avec les évènements de la ville. Elle qui était si gentille et aimante, il y avait une raison à sa récente folie et il la découvrirait, quoiqu'il en coûte.

En effet, il faudrait qu'elle change de fréquentations. Je pense aussi que les récents évènements ne lui ont pas fait du bien malheureusement... Peut être qu'un psy' pourrait l'aider ou je ne sais pas, si elle ne veut pas nous parler...

ABANDONNÉ.