Autumn avait remarqué qu’à Azalea Valley le soleil brillait toujours de mille feux. Jamais –ou bien que très rarement- la pluie se pointait le bout du nez, tout comme les orages ou bien même le vent. Une température parfaite faisait toujours mine d’embellir les parterres parfaits des rues de ce quartier merveilleux. À New-York l’air était toujours pesante, la chaleur insupportable et la pluie glaciale, ce qui cloitrait la belle brune entre ses quatre murs de chambres à coucher. En fait, depuis qu’elle habitait l’ancienne maison de sa grand-mère décédée, l’écrivaine avait tendance à sortir, à daigner profiter du soleil un peu. En à peine une semaine sa peau avait viré du blanc au brun et ses cheveux brillaient davantage qu’avec des produits capillaires fait sur mesure et franchement, elle adorait ça. D’accord, elle n’était pas la plus populaire de la place et peu de gens la connaissaient, mais elle avait une forte impression qu’elle s’y ferait très vite à l’idée et que tôt ou tard, elle se trouverait de vrais amis –pas comme Michael qui faisait comme si de rien depuis son arrivée dans la rue-. Enfin, la brunette ne savait plus quoi faire de sa peau et visiblement sa sœur était préoccupée par quelque chose qui ne la concernait qu’elle et Oli, à quoi elle décida de se changer un peu les idées en prenant l’air. Une fois ses souliers chaussés, l’auteure ouvrit la grande porte de sa demeure fraichement repeinte puis avança dans la grande rue bien vivante. Elle pouvait bien cerner les gens de cette place, ils étaient tous autant accueillants les uns que les autres et pensaient avant tout, au bonheur de chacun, ce qui n’était absolument pas le cas dans son ancienne ville. Ici, il n’était pas rare de voir s’organiser un souper barbecue ou bien des fêtes pour toutes sortes d’occasions, que les voisins prenaient plaisir à préparer…encore une fois, Autumn ne pouvait qu’approuver ce style de vie.

La brunette fit donc un signe à une vieille dame qui lui adressa un sourire puis continua sa route, tombant nez à nez avec un déménageur qui s’empressa de s’excuser. Une expression de curiosité empara son visage bronzé, elle fit donc en conséquent. Savannah s’approcha un peu plus, mordillant sa lèvre inférieure tout en posant son pied sur la première marche de la maison en location puis entrevue une femme, une brunette comme elle. Autumn était évidemment très loin de s’imaginer qu’il s’agissait de sa mère, elle fit donc comme si de rien était et salua la femme à l’intérieur.

Ft. Autumn K. Savannah

Here I am.

2101, Orchid Street.

Il était tant pour Erika de s’installer dans sa nouvelle maison. Les papiers étaient enfin signés et il ne lui resterait que quelques petits détails à régler, le bail était à son nom et le premier loyer avait été versé. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. Et même encore plus ! Les déménageurs étaient finalement arrivés à bon port, malgré une petite erreur dans l’adresse notée et elle pouvait enfin regarder tout ce qu’il y avait à faire entrer dans la maison. Erika restait sceptique. Certes elle avait vécu en appartement et tout ce qu’elle avait là venait du dit appartement et faisaient partie de ce dont son ex-mari n’avait pas voulu mais à en juger par la quantité de meubles et de cartons, elle en vint à se demander si tout parviendrait à entrer. Regard circonspect à ses affaires, Erika décida finalement de mettre la main à la pâte et de ne pas rester les bras ballants alors que les déménageurs amenaient meubles et cartons. C’était surtout parce qu’elle souhaitait éviter que la vaisselle se cassent et comme elle n’avait confiance qu’en elle-même… Finalement, le déménagement devint un terrain d’amusement et elle plaisanta avec les employés pendant qu’ils exécutaient des figures toujours plus complexes et risquaient tout en rejoignant la maison. Elle avait perdu toute notion du temps et ne revint à la réalité que lorsque son estomac réclama un peu de nourriture.

Sandwich, vite avalé, Erika décida de commencer à ouvrir quelques cartons parmi les plus utiles dans un premier temps, la vaisselle, les vêtements et les souvenirs. Les souvenirs … ceux qui l’avaient poussé à venir ici comme ceux qui l’avaient chassé de New-York. Finalement, elle en avait tellement, des souvenirs, du côté de Fairview qu’il lui semblait plus que naturel de revenir ici après tant d’années d’absence. Et pourtant, les choses étaient différentes, elle n’était plus cette jeune fille qui poursuivait ses études et vivait simplement pour ses amis et les autres jeunes du quartier. Elle était une mère avec deux filles, deux filles qui avaient plus que son âge lorsqu’elle est partie de la maison. Sasha à qui tout semblait réussir et pour qui elle ne se faisait que peu de soucis. Autumn, qui avait disparu de ses contacts et qui restait ostensiblement silencieuse. Mais Erika n’avait peur de rien et surtout, elle ne voyait pas bien ce qui avait pu causer l’éloignement de sa fille, aussi avait-elle pour objectif en revenant ici, de renouer avec sa chère fille ainée. Elles avaient un peu été les meilleures amies du monde lorsqu’elle était petite et il était alors d’autant plus dur à Erika d’accepter l’éloignement de celle-ci. Quand à prévoir des retrouvailles … elle verrait le moment venu.

Les déménageurs n’allaient enfin plus tarder à déposer leurs derniers cartons, bientôt Erika pourrait s’affaler dans son canapé et régler le canal, profiter de cette journée. Sans doute aurait-elle du prévoir et programmer sa future entrevue avec Autumn, sans doute … Erika crut défaillir en l’apercevant sur le trottoir juste devant la maison. Elle la saluait. Que faire ? S’enfuir était proscrit et bien trop risquer. Mettre un masque par ce temps aurait été quelque peu suspect. Se montrer et arriver avec légèreté … la seule idée qui ne lui parut pas totalement imbécile. Jouer la carte de la normalité, comme si elle n’avait quitté sa fille que la veille. Un grand sourire sur le visage, elle s’avança dans l’embrasure de la porte.

ERIKA ▬ « Autumn ! Je ne pensais pas te trouver maintenant. J’arrive tout juste comme tu peux le voir. Ça va toi ? Entre ! »

Que d’étonnement lorsque la femme à l’intérieur pointa le bout de son nez dans l’embrassure de la porte d’entrée. Autumn crut manquer d’air un instant puis se reprit. Elle ne s’attendait aucunement à se trouver directement devant sa mère, surtout ailleurs qu’à New-York…enfin, la brunette écarquilla les yeux, les clignant trois ou quatre fois avant d’ouvrir la bouche de stupéfaction devant cette attitude si désinvolte. Ouais, je vois ça effectivement… Ses paroles se voulaient toutes aussi faible que sa mère, seulement un peu plus comment dire…étonnées ou bien suspectes. Je n’ai pas envie d’entrer, de toute manière je n’ai que quelques minutes… Répliqua la jeune femme, craintive d’ouvrir son cœur à celle qui lui avait préalablement brisé. Tout ce dont elle voulait savoir était la raison de sa présence à Azalea Valley, rien d’autre, rien de moins. Mais ça va, j’te remercie de t’en inquiéter. Habituellement elle n’était pas aussi sur ses gardes, seulement cette fois, c’était l’étonnement qui prenait le dessus, ça et puis sa vie à Azalea Valley par la même occasion. L’écrivaine n’avait pas du tout envie de vivre aux côtés de sa mère…c’était l’une des raisons qui l’avait poussée à accepter la maison que sa grand-mère lui léguait, maintenant elle devrait la voir tous les jours? C’était quelque peu… déconcertant en fait.

J’peux savoir ce que tu fais là? Fini par demander la jeune adulte, ne se doutant aucunement que sa mère venait d’être larguer par son mari. Évidemment elle pensa à sa sœur qui ne devait pas se douter non plus que sa mère était en ville. Elle en ferait une de ses têtes…

Ft. Autumn K. Savannah

Here I am.

2101, Orchid Street.

Arrivée, fait. Prise en main de la maison, fait. Emménagement, presque achevé. Retrouvailles, en cours. Erika n’avait pas prévu cela ainsi et pensait avoir encore du temps mais apparemment ce n’était pas le cas. Evidemment, elle aurait dû se douter que les choses ne resteraient pas longtemps en suspens, elle était quasiment voisine de ses deux filles. Il y avait fort à parier qu’un jour ou l’autre, en sortant ses poubelles ou en tondant la pelouse, elle aperçoive l’une d’elles et même se fasse remarquée. Mais elle pensait tout de même avoir un délai. Bonne blague du destin ! Autumn avait débarqué comme si de rien n’était et Erika avait préféré jouer la carte de l’indifférence et finalement, elle l’était un peu. C’était la surprise et en général, retrouver sa mère faisait partie des bonnes surprises et elle le pensait pour Autumn. Malheureusement pour elle, les faits étaient tout autres. La première réaction de sa fille, la laissa un peu pantoise et étonnée. Mais très vite sa bonne humeur reprit le dessus. Il n’y avait aucune raison de s’en faire. Sa fille ne pouvait tout de même pas lui en vouloir au point de la renier ou de l’ignorer. D’ailleurs, elle ne voyait pas du tout la raison de cette ignorance depuis ces années. Cela faisait partie des raisons qui l’avaient poussée à revenir et mettre les choses au clair était dans ses impératifs de début de vie à Azalea. Bon, et maintenant ? Que faire ? Ne pas se poser de question, c’était encore le mieux. Autumn devait simplement être sous le choc de revoir sa chère mère, elle n’avait pas encore pu s’extasier … plus ou moins. Erika ne doutait pas qu’elle finirait par être contente de la voir. Si elle savait …
La jeune femme se montra dur, presque cassante envers sa mère et Erika retint un grincement de dents, peu habituée à ce traitement peu précautionneux. Elle n’était pas habituée à ce genre de situations et ne savait pas les gérer. Elle aurait bien proposé à sa fille de sortir ce soir pour renouer mais le visage fermé de celle-ci la rebuta. La façon de parler d’Autumn et son franc parlé firent tout de même naître un sourire sur le visage de sa mère.

ERIKA ▬ « Eh bien, j’emménage ma petite chérie. Et je te ferais dire que ce n’est pas faute d’avoir demandé de tes nouvelles mais comme la réponse, je l’attends encore, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de te prévenir, ni même de savoir comment tu vas. Heureusement que Sasha mettait mes données à jour de temps en temps ! » Une bonne humeur imperturbable, Erika avait dit cela avec tout l’entrain possible. « Bon, si tu ne rentres pas, c’est moi qui sort. Alors ?… » La question volontairement en suspens, elle enfila son manteau et rejoignit sa fille qu’elle n’avait pas vu d’aussi près depuis bien longtemps. « Qu’est-ce que tu as prévu aujourd’hui ? » Mieux que le « qu’est-ce que tu deviens ? », pas sûr. Mais au moins, elle tentait d’engager la conversation et de renouer leurs liens.

La jeune Autumn n’était pas au meilleur de sa forme…en fait de voir sa mère comme ça subir de nulle part lui faisait un réel bond au cœur. Certes elle aimait sa mère, mais à faible dose la plupart du temps…la voir sortir de nulle part sa prévenir avait seulement suscité de la crainte chez la brunette qui cligna deux trois fois des paupières pour se remettre en place. Il fallait dire que depuis un bon moment elle lui en voulait, évidemment la mère n’avait aucune idée de l’évènement qui avait poussé sa fille à changer de la sorte, mais Autumn persistait à croire que si elle continuait sa petit manège, peut-être finirait-elle par le découvrir toute seule… « Eh bien, j’emménage ma petite chérie. Et je te ferais dire que ce n’est pas faute d’avoir demandé de tes nouvelles mais comme la réponse, je l’attends encore, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de te prévenir, ni même de savoir comment tu vas. Heureusement que Sasha mettait mes données à jour de temps en temps ! » Savannah se mordilla la lèvre inférieur, il était vrai qu’elle n’avait pas répliquer au dernier email qu’elle avait reçu venant de sa mère, ni de l’avant dernier même, mais ce n’était tout de même pas une raison valable pour apparaître comme ça. Le téléphone ça existe, tu sais que je traine le miens jour et nuit tu m’en faisait même le reproche à l’époque… Répliqua finalement la brunette alors que le nom de sa petite sœur parfaite aux yeux de la mère faisait éruption dans la conversation. Mais la jeune femme ne poussa pas plus loin l’idée de faire culpabiliser sa mère, elle était déjà bien mal en point comme ça, sans ses enfants chéris. C’est toi qui vois maman. Elle n’avait aucune envie de pénétrer dans la nouvelle demeure, pas aujourd’hui en tout cas, c’était bien assez stressant comme ça. Aujourd’hui? Je termine la salle de bain, j’ai fait quelques réparations, tu devrais venir jeter un coup d’œil un de ces quatre, y’a que la chambre de grand-mère qui n’est pas changée au final. Et seulement parce que Sasha le souhaitait ainsi, Autumn elle, était pour le changement, après tout c’était elle qui vivrait dans la maison!